Le chemin vers soi

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La rentrée a toujours un parfum particulier. 

Pour certaines, elle marque l’arrivée dans un nouveau pays : nouveaux repères, nouveaux visages, nouveau rythme. Pour d’autres, elle est simplement la reprise d’un quotidien qui s’était suspendu le temps d’un été. Dans les deux cas, c’est un moment où une question se pose, parfois en sourdine : Comment avons-nous envie de vivre cette nouvelle année ? 

Dans mes deux précédents articles, j’ai d’abord salué cette résilience invisible qui porte tant de femmes expatriées et permet à leur famille de faire l’expérience de vivre dans une autre culture. J’ai ensuite exploré pourquoi il est si difficile d’oser se choisir, tout particulièrement dans ce contexte où les femmes sont le pilier du succès de cette aventure à l’étranger. Aujourd’hui, j’aimerais partager la suite de cette trilogie en abordant la manière de retrouver le chemin vers soi, cet « endroit » depuis lequel la vie est fluide, joyeuse et alignée avec notre nature profonde. 

S’arrêter et accueillir 

La première étape peut sembler simple, et pourtant nous la fuyons souvent : s’arrêter pour sentir ce qui est là. 

Nos émotions et les ressentis qui en découlent sont comme les voyants lumineux sur le tableau de bord d’une voiture. Ils nous indiquent qu’il se passe quelque chose en nous qui demande notre attention

Quand l’émotion est dite « négative » – colère, tristesse, ennui, etc. –, les ressentis qui l’accompagnent sont désagréables. Cela nous amène souvent, inconsciemment, à nous en couper ou à les éviter en occupant notre esprit (par les pensées) et notre corps (par l’action) avec autre chose. 

En niant ou en évitant de sentir ce qui se passe en nous, nous passons à côté de ce qui vit en nous : la fatigue, la solitude, le manque, parfois même l’enthousiasme ou l’envie. Nous perdons la connexion avec les informations essentielles sur notre état d’être, celles qui nous renseignent sur nos besoins et désirs. 

Une femme que j’accompagnais me disait : 
Je remplis mes journées pour éviter de sentir le vide. Mais dès que je ralentis, tout remonte, et ça m’effraie.” 

Accueillir ce qui est là, c’est accepter d’ouvrir la porte. Non pas pour tout comprendre ou résoudre, mais simplement pour reconnaître : voilà ce qui est vivant en moi, ce que je ressens maintenant

Comprendre que nos émotions parlent 

Nos émotions ne sont pas des obstacles : ce sont des messagers. 

Reprenons la métaphore des voyants du tableau de bord d’une voiture. Ignorer un voyant rouge, c’est risquer la panne. Écouter ce signal permet de comprendre ce qui a besoin d’attention. 

La colère peut indiquer un besoin de respect. 
La tristesse peut révéler une soif de lien.
L’anxiété exprime souvent un besoin de sécurité. 
L’ennui peut signaler un désir de nouveauté ou de créativité. 

Je pense à cette expatriée lors de son emménagement : 
Je me jugeais d’être anxieuse, comme si je n’avais pas le droit. Mais quand j’ai écouté ce signal, j’ai compris qu’il me montrait à quel point j’avais besoin de soutien, de repères, dans ce nouvel environnement.” 

Quand nous acceptons de les entendre, nos émotions cessent d’être un poids : elles deviennent des guides. 


Identifier nos conditionnements et leur origine 

Derrière ces émotions se cachent souvent nos vieux conditionnements. Ces phrases que nous avons intégrées très tôt et qui continuent à nous diriger en silence: “Sois forte”, “Ne dérange pas”, “Tu dois réussir”. 

Une cliente me confiait : 
Dès que j’étais triste, je me forçais à sourire. Je pensais que je n’avais pas le droit de me plaindre. Après tout, j’avais une vie que beaucoup enviaient.” 

Ces conditionnements nous collent à la peau. Ils nous ont tellement accompagnées que nous nous identifions à eux, comme s’ils nous constituaient. Les reconnaître, c’est comprendre qu’ils ne sont pas nous, mais des filtres qui colorent notre manière d’être au monde. 

Ces conditionnements ne sont pas apparus par hasard

Enfants, nous avons développé ces stratégies pour être aimées, reconnues, protégées. Être sage, performante, attentive aux autres a été une façon de s’assurer une place, une sécurité affective. Ces mécanismes ont été des alliés précieux lorsque nous étions dépendantes de nos parents. 

À l’âge adulte, ils se sont prolongés, sans se rendre compte que nous étions devenues capables, physiquement et émotionnellement, de faire face aux situations complexes que la vie met sur notre chemin. 


Lever les blocages et laisser émerger notre authenticité 

En voulant nous protéger, nos conditionnements ont bloqué l’expression de notre nature véritable: dommages collatéraux! 

Quand nous rencontrons nos conditionnements de façon expérientielle (verbalement et somatiquement), quelque chose se détend. Ces mécanismes cessent d’avoir besoin de nous contrôler. 

Et dans cet espace libéré, ce n’est pas une nouvelle version de nous qui apparaît. C’est simplement l’être authentique qui était déjà là, mais auquel nous avions perdu l’accès.

Je pense à cette femme guidée toute sa vie par la croyance « Il faut être efficace ». Elle avait appris à se couper de ses émotions pour avancer vite, tenir bon, performer. En rencontrant ce conditionnement, elle a redécouvert une immense douceur, une tendresse qu’elle s’interdisait. Cette douceur ne s’était jamais éteinte : elle était simplement enfouie, en attente d’être retrouvée. 

Nous découvrons aussi que nous n’avons pas à choisir entre des facettes de nous-mêmes

● Nous pouvons être assertives et bienveillantes.

● Généreuses tout en étant centrées sur nos besoins.

● Sociables tout en ayant besoin de moments de solitude.

● Efficaces dans l’action et douce dans nos relations.

● Aimer la stabilité et la routine tout en étant attirées par l’aventure.

Accepter cette complexité, c’est retrouver notre pluralité et notre entièreté


Vivre depuis cet espace intérieur 

Quand nous renouons avec cette authenticité, la vie change de texture. 
Les décisions se font plus fluides. Les relations gagnent en vérité. Nous avançons, non plus sous la pression des « il faut », mais depuis l’élan de ce qui a du sens pour nous. 

Et cela se voit. Dans notre famille, dans notre façon de contribuer, dans notre manière de rayonner. 

Se reconnecter à soi, ce n’est pas devenir quelqu’un d’autre. C’est retrouver ce qui, en nous, n’avait jamais disparu. 


Une question pour cette rentrée 

Ce chemin n’a rien de linéaire. Il demande du courage, de la patience, et parfois d’être accompagnée. Mais il se vit pas à pas, dans le quotidien, dans ces instants où nous choisissons d’accueillir plutôt que de fuir. 

Alors, en ce début d’année, nous pouvons nous poser cette question : Qu’aimerais-je rencontrer en moi, cette année ? 

La réponse n’a pas besoin d’être claire aujourd’hui. 
C’est en avançant, doucement, que le chemin se dessine. 


Ecrit pour Expat Pro par Anelor de Boisset, Coach en déploiement de soi.
Coach certifiée depuis 2019, Anelor accompagne les femmes expatriées qui ont mis leurs aspirations entre parenthèses pour soutenir le projet d’expatriation de leur famille. Elle les aide à se reconnecter à elles-mêmes, à retrouver ce qui est vivant et essentiel en elles, pour avancer avec plus de clarté et de justesse dans leur parcours d’expatriation.
Son site : 
www.anelor.coach