Habiter loin de ses parents vieillissants est souvent une source d'inquiétude pour les personnes expatriées.

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Vous vous demandez souvent : "Et si quelque chose arrivait ?" ou "Comment les aider à distance ?

La première question à se poser est de se demander :

A quelle étape de vie se trouvent vos parents ?

Des personnes qui assistent aux conférences que j’offre me disent : "Je viens juste au cas où." Juste au cas où quoi ?

J’interprète ce « juste au cas où « comme : "Je pense que mes parents sont encore autonomes, mais je m’inquiète, je ne sais pas trop. Quand on est expatriés, on ne peut plus se permettre de gérer les situations en urgence. Quand on habite à 10 000 Km.

Il est vrai que je vois aussi des personnes qui se réveillent au moment leurs parents sont hospitalisés. Ces personnes se retrouvent en panique, se demandant comment elles vont pouvoir gérer la situation à la maison. C’est une situation très inconfortable.

Vous habitez hors de France, loin de vos parents ?

Vous vous sentez un peu coupable de ne pas vous en occuper autant que votre sœur ?
Vous souhaitez faire les choses bien ?

Vous ne savez pas vraiment ou en sont vos parents

Je distingue quatre étapes de la vie de nos aînés. Quand nos parents ont entre 78 et 99 ans, on se dit qu’un jour ils auront peut-être besoin d’aide, mais on ne sait pas forcément comment s’y prendre.

Mais on ne sait pas comment les aider, ils ont toujours tout décidé par eux-mêmes, des parents adultes et responsables.

Vous vous voyez mal vous immiscer dans leur vie !

Laissez-moi vous relater ma propre histoire

Lorsque j’étais expat en Europe, on nous a proposé de partir en Corée, mais j’ai mis mon véto car mes parents étaient fragiles et je sentais que j’avais besoin d’être là ! A cette période j’habitais à Londres et c’est là que j’ai appris que mon père avait maladie de Parkinson avec une évolution lente.

Lorsque la maladie s’est déclarée, on a commencé à se dire qu’il fallait se mobiliser, mais entre le moment où on se le dit et le moment où on agit, il s’est passé plus de 12 mois.

Alors que mon père avait un parkinson, on a constaté que maman oubliait beaucoup de choses, mais elle se rendait compte qu’elle perdait en autonomie. Par exemple elle craignait toujours d’oublier son sac à main. Tout ça lui prenait beaucoup d’énergie et elle se renfermait sur elle-même. Si elle était dans un endroit qu’elle ne connait pas, comme un restaurant, elle stressait pour se déplacer seule. Je pense qu’elle avait aussi des difficultés de repérage spatio-temporel.

Mon père de son côté assurait, il donnait le change comme on dit, il ne voulait pas nous inquiéter, beaucoup de parents agissent comme ça. Mais en réalité cela le fatiguait et lui prenait beaucoup d’énergie, alors que sa maladie lui demandait déjà de mobilier de nombreuses ressources.

Avec ses parents âgés, on est gauche, on n’ose pas s’immiscer dans leur vie comme ça, on n’en parle pas. Des parents âgés sont des personnes fragiles et délicates, on évite de brusquer les choses, on prend son temps. Malheureusement les situations parfois se dégradent plus vite que prévu, votre mère qui gérait seule sa vie, soudain a du mal à se repérer comme avant, elle marche moins bien, elle se fatigue vite. Mieux vaut en avoir parlé avant avec ses parents

Il me semble important d’aborder ces sujets le plus tôt possible pour plusieurs raisons.

Préparer le terrain :

Même si tout va bien aujourd’hui, il est utile de discuter de leur montrer les différents choix qui s’offrent à eux. Parler de leurs souhaits. Est-ce que leur maison ou leur appartement est adapté, y a t-il un étage ?  Y a-t-il une douche large. Veulent ils rester dans leur maison ou appartement ?

Ont-ils des relais sur place, de la famille, des amis un peu plus jeunes, ou une femme de ménage en qui ils ont confiance ?


⚡ Faciliter les conversations difficiles :

Je constate qu'aborder ces sujets quand vos parents sont encore en pleine possession de leurs capacités est beaucoup plus facile. Ils se sentent concernés mais pas stressés car ce n'est pas pour tout de suite. On peut traiter les sujets de fond.


⚡ Connaître leurs souhaits :

Leur demander où ils se voient en cas de perte d'autonomie. Avoir cette discussion vous permet de réagir rapidement et efficacement si leur situation change soudainement. Discuter avec eux, permet d’aborder les choses sereinement avec plus de tranquillité d’esprit, on sait qu’on est préparé. Ça vous évite d’être acculé à gérer des situations stressantes en urgence.


Quelles sont les différentes étapes de vie de nos parents âgés ?

Quels signes physiques, psychiques et émotionnels nous montrent que nos parents ont besoin d’être soutenus et accompagnés ?

Étape 1 : Autonomie totale

Dans cette phase, vos parents sont en bonne santé, autonomes, et gèrent leur vie avec volonté et indépendance.
Ils font de la randonnée, voient régulièrement leurs amis et leur famille, et participent activement à diverses activité, jeux de cartes, associations, balades.

C’est une période où ils se sentent en contrôle de leur vie.
Malgré une apparente autonomie, il peut y avoir des petites difficultés par exemple votre père voit moins bien, ou entend moins bien.

Étape 2 : Les premières difficultés

On commence à percevoir quelques signes : ils mettent plus de temps à se déplacer, sont moins sûrs dans leur marche. La vue baisse un peu, peut-être un début de DMLA ou une cataracte qui n’est pas encore traitée.

Ils sont encore relativement autonomes mais commencent à rencontrer quelques difficultés liées à l’âge. Tout prend plus de temps et ils sont plus fragiles.


Étape 3 : Aide nécessaire

Ils se déplacent moins, sortent moins pour faire des petites courses, ou quand ils conduisent, ils sont anxieux.

On ajuste notre approche, on chercher à sécuriser l’environnement des parents tout en maintenant, bien entendu, leur autonomie.

À ce moment-là, on peut proposer une canne pour se déplacer, ou un déambulateur, ou les deux. On peut démarrer avec un déambulateur d’extérieur, qui peut être équipé d’un siège. L’avantage c’est qu’en cas de fatigue pendant la balade, on peut s’asseoir sur le tabouret du déambulateur. Je trouve ça très pratique. Cela permet d’aller plus loin, et en cas de fatigue, votre parent peut se reposer, en effet ce n’est pas toujours facile de trouver des bancs dans la rue. Ça m’est arrivé avec mon père de rentrer dans une boutique et de demander un siège pour lui !

C’est à ce moment aussi que vous pouvez envisager des aides à domicile, tout doucement, sans brusquer personne. Par exemple, proposer une aide pour faire les courses. S’ils rechignent à prendre la voiture pour faire les courses, vous pouvez prendre une aide à la personne qui conduirait la voiture, c’est assez pratique.

C’est une période de transition. Essayez de les soutenir avec douceur, tout en étant présents lorsqu’ils en ont besoin. L’important est de maintenir leur autonomie, leur dignité à tout prix, et leur volonté.

 

Étape 4 : Perte d’autonomie

La perte d’autonomie peut se manifester physiquement : pour se déplacer, on voit qu’ils ne peuvent le faire qu’avec un déambulateur ou accompagnés d’une personne, que ce soit vous, le kiné ou une aide à la personne.

Ils ont moins envie de préparer les repas, car c’est fatigant pour eux de réfléchir aux menus, faire les courses, se déplacer. Cela dépend de vos parents, s’ils aiment faire ça ou non ? Si votre mère aime cuisiner, on va proposer de faciliter la préparation des repas en achetant des aliments déjà coupés, en se faisant livrer les courses. Vous pouvez apporter des idées de recettes simples.

S’ils ont besoin d’être secondés pour la toilette ou la douche. On peut très bien envisager que votre père ou votre mère se douche au moment où il y a quelqu’un à la maison pour les seconder au cas où ils auraient une défaillance.

Comme dit Slimane, le chanteur français gagnant de The Voice en 2016 : « Maman je serai là soit tranquille, dort tranquille ».

Au cours de ces quatre étapes de la vie de vos parents, il est important de se préparer, pour vous et pour eux. Anticiper ces sujets va vous permettre de réfléchir de façon structurée et d’envisager leur avenir en maintenant bien-être et en garantissant leur autonomie.

Aborder ces sujets délicats peut vous sembler impossible, trop intimidant, qui sommes-nous pour parler de ça avec eux ?

Ne pas parler de ces sujets avec vos parents les angoisse plus que ce que vous ne pensez. Même si c’est difficile à aborder, en parler c’est réfléchir ensemble à des solutions, c’est les traiter en adulte responsable et non pas en enfant. Cela permet une meilleure adhésion et ça va les soulager et vous aussi.

Parler de leur avenir est avant tout une démarche de respect et d'amour. Vos parents se sentiront soutenus dans la difficulté, et près à être aidés, à leur manière.

En vous préparant à l'avance, vous créez un environnement sécurisant et bienveillant qui leur permettra d’envisager l’étape suivante plus sereinement. L'anticipation vous permettre non seulement de trouver des solutions adaptées à leur situation, mais aussi de vous préparer mentalement à ces changements.


Ecrit pour Expat Pro par Nathalie Robert, fondatrice de Senior info conseil, qui propose des solutions sur mesure pour ses parents âgés: https://www.senior-info-conseil.fr/