S’expatrier est une chance unique ! Partir à l'étranger, découvrir une nouvelle culture, voir ses enfants grandir dans un nouvel environnement qui sera bénéfique pour eux. En apparence, le rêve. C’est aussi un défi. Entre enthousiasme et inquiétude, les familles sont confrontées à de nouveaux codes, les anciens ayant pris le soin de rester en métropole.
Voici cinq différences culturelles des pays hispanophones. Pour vous aider à découvrir votre nouveau pays d'accueil, et profiter de toutes ses richesses avec l'œil vif et surtout, l'esprit tranquille.
1) La distance physique
Pour un étranger, la société française peut paraître, au premier abord, très froide. Et pas seulement à cause de la température ! Les Français sont méfiants par nature, et ont besoin de confiance pour qu’une relation s’épanouisse. La rencontre d’une nouvelle personne va avec une distance physique habituelle dans les rapports français. Avec le classique serrage de main, ou la bise si l’occasion s’y prête
En Amérique latine, la distance physique est rapidement brisée. Une bise dès la première rencontre, suivie rapidement d’embrassades chaleureuses pour montrer que l’on est content de se revoir ! La bise se fait surtout entre hommes et femmes. Mais des pays comme l'Argentine ou le Chili qui ont des racines européennes ne sont pas aussi catégoriques, et cette manière de se saluer se pratique aussi entre hommes.
Alors, comment faire ? Placez-vous comme si vous recommençiez tout à zéro. Si vous avez peur de faire une erreur, demandez ! Vouloir faire bonne figure, c'est toujours accueilli avec compréhension.
2) Le tutoiement
Le côté direct se retrouve aussi dans la communication. La langue française possède une structure hiérarchique très établie. « Vous », « Tu » aident à définir le type d'échanges avec la personne concernée.
Tutoyer dans les pays hispanophones, c’est quelque chose…de normal ! Nous sommes loin du manque d'éducation ou de respect. Les rapports sont plus simples, moins codifiés. Dans certains endroits très éloignés des grandes villes, vous rencontrerez peut-être des personnes âgées qui vous vouvoient. Mais ce n'est pas une question d'éducation qui serait partie à vau-l’eau chez les plus jeunes. Les mayores ne savent tout simplement pas...conjuguer le tutoiement !
A votre arrivée à l'aéroport, si le chauffeur de taxi vous tutoie, rappelez-vous de cet article. C'est simplement sa manière de s'exprimer ! Vous vous y ferez vite !
3) Le savoir-vivre change selon le pays
En France, nous savons rapidement quand c'est l'hiver. Toux, éternuements, le rhume aime s’exprimer. Les français éternuent, se mouchent même lors de réunions de travail. Voilà un choc culturel que j'ai vécu ! Le rapport aux « bruits du corps » est bien différent dans le monde hispanophone.
Les raclements de gorge ou grippes sévères sont bien sûr présents ! Mais les conséquences se gèrent à l'abri des regards. Éternuer ou se moucher en public peut être vu comme un affront, Voire une manière d'exprimer son opposition forte pour un sujet de travail ! Dans les pays hispanophones, nous sortons de la salle pour nous moucher, puis nous revenons.
Même si cette règle entraîne un ballet de chaises en hiver, ne pas la respecter aura plus de conséquences. Et les locaux verront cet étranger comme quelqu'un manquant profondément de savoir-vivre.
4) La fête, c'est entre gens de confiance
Les étrangers sont souvent surpris en arrivant. Ils ont une image de pays se couchant à quatre heures du matin tous les jours, pour découvrir des sociétés vivant au rythme du soleil. Plus austère que prévu ! Et la vie nocturne n'y échappe pas.
Sortir le soir est ancré dans la culture française. Mais les sud-américains ne le pratiquent pas tant que ça. S'ils ont des enfants, les familles colombiennes vous diront certainement non, et les établissements n’ont pas toujours des horaires à rallonge. En Colombie par exemple, Medellín a la réputation d’être une ville de fête. Quelle surprise pour les clients, de découvrir que certains établissements sont déjà fermés à 23H00 !
Mais pourquoi ? La dangerosité de certains pays (Equateur, Colombie, Pérou) impacte aussi la vie des locaux. Sortir le soir, par essence, c'est prendre un risque. Nos aînés ont traversé ce type de violence, et l'ont subi. La prudence est de mise, et nous ne sortons pas après 19H00. Nous privilégions des activités en journée.
Ainsi, si dans un élan d'enthousiasme vous proposez une activité après le travail, vous saurez d’où vient le refus poli des locaux. L'héritage culturel pèse lourd, mais ils seront ravis de vous accompagner pendant que le soleil est debout !
5) La ligne fine entre le constat et la critique
Râler. Voilà un sport pour lequel les Français sont champions du monde ! Une coutume assez particulière, et pas toujours soluble dans la vie internationale.
Imaginez-vous à table, invité(e) par une connaissance. Elle vous demande votre avis sur le dîner, et vous répond le classique “c’est pas mal”. Vous voulez bien faire. Critiquer fait partie de l’art de vivre français. Alors en plus, si c’est de la nourriture !
Mais les habitants d'Amérique Latine sont plus sensibles que les Espagnols, et prendront vos critiques avec le cœur. “C’est pas mal” est une expression populaire en France, qui marque d’ailleurs la satisfaction, à mots couverts. Mais dans « c'est pas mal », votre hôte retiendra le terme « mal », soit dans sa culture, une marque de déception.
En critiquant, vous voulez faire un constat. Les sud-américains ne sont pas habitués aux critiques sèches. Votre nouvelle connaissance pourrait cesser de vous inviter. Ça serait quand même dommage ! Si quelque chose vous échappe, pesez le pour et le contre. Les hispanophones sont des gens généreux, qui comprennent que tout n’est pas si simple à saisir, même pour eux.
Conclusion
Dans le monde hispanophone, les Français découvrent des codes culturels moins évidents que dans d'autres cultures. Cela peut être déstabilisant à première vue, mais ne désespérez pas ! Avec un peu de curiosité, tout se passera très bien.
Bientôt, c’est l’effet inverse qui se produira : spontanéité et proximité vous envoûteront, tant et si bien que retrouver la grisaille de la métropole, est-ce bien nécessaire ?
Ecrit pour Expat Pro par Yamile Delcourt, Fondatrice et directrice de Espagnol à la Maison.
Experts dans l'enseignement de la langue et culture espagnoles par visioconférence.
Son site : https://www.espagnolalamaison.com/