Comment la Communication Non Violente peut aider la famille en expatriation

#expatriation , #communication , #famille , #psychologie

Partir en expatriation en famille est une très belle expérience ! La famille se dessine une nouvelle vie avec à la clé plus d’aventure, de confort et de rencontres humaines stimulantes. Seulement, l’expatriation demande à chaque membre de la famille de mobiliser de grandes ressources d’adaptation et d’accueillir des moments de joie mais aussi de déception, de frustration, de tristesse ou de colère. Tout changement provoque des bouleversements, ces derniers étant exacerbés quand on se confronte en plus à une culture qui n’est pas la nôtre. Comment exprimer ces bouleversements émotionnels pour qu’ils n’empoisonnent pas les relations au sein de la famille et pour que chaque membre se sente écouté ? La Communication Non Violente (CNV) pourra être d’une grande aide pour chacun et pourra faciliter la réussite de cette belle aventure. 

 

1)   Qu’est-ce que la CNV ?

La CNV a été conçue et développée par Marshall B. Rosenberg, médiateur international dans les années 1970. Marshall B. Rosenberg a été élève et collaborateur de Carl Rogers, psychologue américain ayant une approche centrée sur la personne. Marshall B. Rosenberg souhaitait grâce à cet outil contribuer à l’avènement de la paix dans le monde par la résolution pacifique des conflits.

La CNV est depuis plus de 40 ans enseignée dans 65 pays et vise à obtenir des relations plus harmonieuses par une communication bienveillante. C’est une technique de communication accessible à toute personne souhaitant communiquer avec authenticité et pouvant être utilisée au sein de relations familiales, personnelles ou de travail. 

 

2)   Ce que ce n’est pas la CNV

●    Le terme de communication bienveillante peut donner l’impression que la communication va être ‘molle’ ou que l’on va se dire que des choses jolies et poudrées. Or à l’inverse, la CNV admet toute pensée, même la plus terrible. Elle travaille juste la façon d’accueillir ces pensées et de les exprimer de la façon la plus juste possible pour créer un dialogue constructif. Étant à la base de l’éducation bienveillante, la CNV ne vise surtout pas à une vie de famille anarchique où les enfants font ce qu’ils veulent, mais privilégie l’écoute et la relation harmonieuse.

●    L’idée n’est pas de dire et de faire ce que l’on veut en permanence mais d'identifier notre réel besoin et le communiquer sans utiliser de manipulation et en étant d’accord sur le fait de recevoir une réponse négative à notre demande. En effet, la CNV nous apprend à être créatif pour répondre à nos besoins, donc elle n’implique pas le fait qu’une seule personne puisse répondre à notre besoin.

●    La CNV est un langage à part entière et comme toute langue, elle nécessite de l’implication et de la pratique quotidienne. Notre société ou notre éducation ne nous encourage pas beaucoup à communiquer en utilisant ce langage. Personnellement, j’ai découvert cette approche pendant mon expatriation en Chine il y a 12 ans et je continue à me former car il est facile d’oublier certains réflexes. Le piège de la communication est par exemple de rejeter la faute de ce que l’on vit émotionnellement sur l’extérieur. La bonne nouvelle pour les expatriés, c’est qu’elle est enseignée partout dans le monde ou en ligne.

●    Enfin, la CNV n’est pas un outil miracle et nécessite des communicants le souhait d’une relation authentique.

 

3)   Quel est le bénéfice de la CNV pour les expatriés ?

En expatriation, il est facile de croire que tous nos bouleversements émotionnels sont normaux et qu’ils passeront puisque d’autres personnes sont passées par là ou traversent la même chose. Or, reconnaître le plus vite possible que l’on a un besoin non satisfait permet de chercher des solutions pour y répondre. Si je ressens un besoin de soutien, je pourrai ainsi me tourner vers un professionnel ou des amis par exemple. Si j’ai besoin d’harmonie, je peux aller au musée, me promener dans un parc, aller dans un endroit zen qui me fait du bien. La créativité dans les solutions est au cœur de la CNV. La CNV, en mettant de la conscience sur nos émotions, permet de se responsabiliser et de ne pas rester dans une position de victime ou de personne qui subit une situation.

Si chaque membre de la famille prend la responsabilité de ses émotions, sait exprimer ses besoins et coopère avec les autres pour trouver des solutions acceptables pour tous, on évitera la frustration ou le sentiment de sacrifice que l’on peut parfois trouver en expatriation, notamment lorsque l’on suit son conjoint.

La CNV permet de ne pas sous-estimer les bouleversements émotionnels de chacun. L’émotion a souvent juste besoin d’être accueillie et si elle est entendue par des oreilles empathiques, le soulagement est tel que l’on évite de perdre de l’énergie. On peut dès lors mobiliser notre énergie pour passer à autre chose

Enfin, quand je me respecte et que je prends l’habitude de respecter mes besoins, j’accueille plus facilement les besoins des autres et je ne suis pas dans un conflit récurrent entre personnes qui ne savent pas s’écouter. C’est également des clés qui vont être très utiles aux enfants pour ne pas entretenir des conflits et pour accueillir ce qu’ils ressentent sans jugement tout au long de leur vie.

 

4)   Comment utiliser la CNV concrètement ?

Ce n’est pas simple d’utiliser la CNV dans la mesure où on a été entraîné à communiquer différemment, notamment avec une tendance à la dualité gagnant/perdant lors d’une opposition. C’est tout un apprentissage nécessaire. J’ai découvert la communication non violente lors de mon expatriation en famille en Chine alors que j’avais un petit humain d’un an et demi qui me regardait avec des yeux de poupée tueuse à chaque frustration. Je ne connaissais que les outils d’intimidation et de chantage auxquels j’avais été exposée dans ma jeunesse. Et je me souviens m’être dit que ce n’était pas l’idée que je me faisais de mon rôle de mère. Seulement je n’avais aucune idée de ce que je pouvais faire à la place. En quelques semaines de CNV, j’avais arrêté d’être dans un rapport de dominé/dominant avec mon enfant et une autre énergie entre nous a été possible. 

L’idée de la CNV est de parler de ce qui nous a mis en réaction sans jugement, en se rapprochant des faits vus ou entendus de la façon la plus neutre possible : ‘j’ai vu..’, ‘il m’a dit :...’, puis de voir quelle émotion cela a créé en nous (on peut s’aider d’une liste d’émotions pour cela). Il peut y avoir plusieurs parts en nous. Nous ne sommes pas l’émotion. Ainsi, je peux avoir une part de colère et une part de tristesse. Ces parts témoignent d’un besoin (la liste des besoins est également très utile) et d’une situation que l’on aimerait vivre. Une fois que j’ai trouvé ce que je voulais vivre comme par exemple me sentir autonome, je peux dresser une liste de solutions et faire le plus petit pas possible vers l’une de ces solutions.

Un besoin peut en cacher un autre. C’est une véritable enquête qui se fait souvent à deux et qui permet d’aller mettre le doigt sur notre besoin, notre vérité.

Le principe de la CNV est de reprendre en permanence la responsabilité de ce que l’on vit sans accuser les autres de nos maux. Lorsque je reviens à moi, je sais que la solution peut venir de moi. Quand j’exprime ce que je ressens et mon besoin, je n’utilise plus le ‘tu’ et les dialogues entre 2 personnes maîtrisant la CNV sont simplement délicieux. On est loin du “je suis malheureuse à cause de toi”. 

Quand on accueille ce qu’il y a en nous, on découvre que des parts de nous peuvent aussi nous juger. Il est important de les accueillir, en les écrivant par exemple afin que ces parts là soient entendues. Une fois entendues, elles ne viendront pas polluer une demande faite à quelqu’un.

 

La CNV est particulièrement utile en expatriation où il est demandé à chacun de s’adapter, de se suradapter et de trouver sa place dans un nouveau pays mais aussi au sein de la famille. Il n’est pas toujours facile de reconnaître ses besoins et d’oser les exprimer. Le danger est de ne plus écouter ses besoins et de laisser pourrir une situation en n’étant pas connecté à ses émotions.

Personnellement, après m’être longtemps déconnectée de mes émotions, j’ai appris à les écouter, non pour me plaindre en permanence mais pour avoir des actions alignées avec ce qui est juste pour moi.

Cette écoute des émotions et des besoins est une véritable gymnastique. Et je suis heureuse de pouvoir désormais proposer des espaces bienveillants d'entraînement aux femmes expatriées sous forme de groupes de parole.

 

Article écrit pour Expat Pro par Talina Gonzalez, coach professionnelle. Elle anime des groupes de parole pour des femmes qui veulent gagner en sérénité et se sentir soutenues, tout en se mettant dans une bonne dynamique !
Pour en savoir plus, vous pouvez la retrouver sur instagram @talina_sunrise et consulter son offre pour les femmes expatriées : 
https://talinagonzalez.fr/coaching-groupe-de-parole/