CNED or not CNED ?

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Tout ce qu’il faut savoir sur la réintégration dans le système français des élèves scolarisés en système local à l’étranger.


Pour de nombreuses familles expatriées, le retour des enfants dans le système français après une scolarité dans le système local ou international est une préoccupation majeure et souvent angoissante. Entre différences pédagogiques, niveaux hétérogènes, choix d’un organisme de cours à distance et absence de règles claires, les interrogations sont nombreuses et légitimes. Comment faire ? Quels documents fournir ? Mon enfant devra-t-il passer un test ? Existe-t-il des solutions pour l’éviter ?

Voici un tour d’horizon des règles, pratiques et solutions pour accompagner ce retour avec sérénité.

Ce que disent les textes officiels : une approche au cas par cas

Selon le site Eduscol, qui fait autorité en matière d’Education Nationale, il n’existe pas de réglementation spécifique concernant les élèves de retour de l’étranger ayant suivi une scolarité dans un établissement non reconnu par le ministère français de l’Éducation. La situation est donc gérée localement par les autorités académiques – recteurs et DASEN (Directeurs académiques des services de l’Éducation nationale) – avec une grande marge d’appréciation.

  • Dans le premier degré (maternelle et élémentaire) : l’inscription se fait dans l’école publique du secteur selon le lieu de résidence. Le directeur d’école place ensuite l’élève dans une classe en fonction de son âge et du niveau observé, à l’issue d’une évaluation par l’équipe pédagogique (qui se fait souvent d’après le dossier scolaire de l’élève, sans test de niveau).

  • Dans le second degré (collège et lycée) : les textes officiels (notamment la note de service n° 81-173 du 16 avril 1981) prévoient que l’élève issu d’un établissement non reconnu passe un examen d’entrée. Ce test, organisé par le chef d’établissement, est fixé par le DASEN et porte sur les matières principales (français, maths, parfois histoire-géographie).

En pratique, la décision repose donc sur les autorités académiques locales, au cas par cas. Il ne s'agit pas d'un mécanisme automatique, mais bien d’une évaluation personnalisée, pouvant aboutir à un test… ou pas.


Le CNED, une garantie de réintégration automatique ? Pas si sûr…

La Scolarité Complémentaire Internationale (SCI) du CNED est souvent perçue comme un “passeport” pour la réintégration dans le système français. Mais la réalité est beaucoup plus nuancée.

Contrairement à ce que pensent certaines familles, l’inscription à la SCI CNED (3 matières : français, mathématiques, histoire-géographie) ne garantit pas à elle seule l’intégration sans test dans le système français. Pour être reconnue, elle doit être accompagnée d’une attestation d’équivalence de niveau, délivrée par le Conseiller de Coopération et d’Action Culturelle (COCAC) de l’ambassade de France dans le pays d’expatriation.

Cette attestation, qui n’a pas de statut officiel régi par un texte réglementaire, permet aux établissements français de s’appuyer sur un avis écrit pour éviter un test à l’élève. Cependant, sa délivrance est discrétionnaire : aucune obligation légale ne pèse sur le COCAC. Elle repose sur une pratique administrative instaurée en 2013 (année de création de la SCI CNED), sans valeur réglementaire contraignante.

À noter : Comme l’indique La Villa Albertine (Institut Culturel rattachée à l'ambassade de France aux États-Unis) le CNED n’est pas l’unique organisme pris en compte pour la délivrance de l’attestation d’équivalence de niveau. D’autres organismes à distance reconnus peuvent aussi fournir les documents nécessaires. Le COCAC est en droit d’en tenir compte, à condition que les bulletins et appréciations reflètent un travail scolaire réel et assidu. Par ailleurs, comme l’indique le Consulat Général de France à Houston, l’attestation doit faciliter l’inscription dans un établissement scolaire en France ou dans le réseau AEFE. Elle n’exonère cependant pas systématiquement l’enfant de test de niveau, notamment en collège et surtout au lycée.

En effet, il est essentiel de bien comprendre la portée de cette attestation. Elle ne vaut pas avis d’orientation comme dans la scolarité complète réglementée du CNED. Dans cette dernière, le CNED, agissant comme un établissement reconnu, délivre un certificat de scolarité et des décisions de passage de classe qui s’imposent aux établissements français (publics et privés sous contrat).

Ce n’est pas le cas avec la SCI CNED ou les organismes privés. L’attestation délivrée par l’ambassade n’a aucune valeur réglementaire obligatoire, et la décision finale d’accepter un élève sans test revient finalement toujours au chef d’établissement et/ou au DASEN.

La SCI CNED, assortie de l’attestation d'équivalence de niveau, est donc une solution parmi d’autres, mais en aucun cas un passe-droit. 


Faut-il absolument demander une équivalence de niveau ? 

Pour certaines familles souhaitant mettre toutes les chances de leur côté, il est parfois judicieux de solliciter cette attestation, notamment en amont d’un retour dans une classe à examen (3e, Terminale) ou dans un établissement particulièrement sélectif. Il est alors fortement conseillé d'anticiper cette demande, car les délais de réponse peuvent être longs.

Mais dans les faits, la grande majorité des familles ne demande pas cette attestation. Plusieurs raisons expliquent cette tendance : 

  • le manque d’information claire sur le sujet,
  • le processus administratif qui peut être long,
  • l’âge des enfants (majoritairement en primaire en expatriation),
  • mais surtout la difficulté à suivre un programme en parallèle d’une scolarité locale, tel que celui de la SCI CNED qui requiert environ 8 à 10 heures de travail par semaine, ce qui n’est pas toujours réaliste dans le rythme de vie d’un enfant expatrié souvent déjà très sollicité. 

Beaucoup de familles choisissent donc de prioriser l’équilibre de l’enfant en se concentrant uniquement sur le français (ce qui représente déjà une charge de travail non négligeable), considéré (à raison) comme la matière clé pour une réintégration sereine dans le système français.

Dans ce cas, l’attestation d’équivalence de niveau n’a pas lieu d’être.

Mais pas de panique, l’expérience montre que ces élèves réintègrent généralement sans difficulté le système français. 

Choisir sa bataille et le type d’accompagnement à distance que l’on souhaite 

Il est indéniable qu’un enfant scolarisé en école locale à l’étranger a tout intérêt à suivre un complément de scolarité en français afin de faciliter un éventuel retour dans le système français.

Mais ce complément de scolarité peut avoir de multiples visages, selon les attentes et les objectifs des parents : 

  • à distance ou en présentiel
  • avec un organisme public, privé ou un professeur particulier
  • une seule ou plusieurs matières
  • en ligne, en visio ou en version papier
  • académique ou ludique
  • 1h, 3h, 8h, 12h…par semaine 
  • de 100 € à plus de 5000€ par an…

Le choix revient à chaque famille.

Mais l’expérience montre qu’à vouloir faire trop (pour mettre toutes les chances de son côté), on se perd parfois ! Combien de familles abandonnent chaque année la SCI du CNED parce que c’est trop lourd, pour les parents comme pour les enfants…combien d’enfants passent à côté de leur expatriation pour se consacrer à leurs devoirs en français…

Un compromis est possible, et il est important de ne pas se laisser envahir par la peur du retour et par les rumeurs qui disent que “sans le CNED point de salut”. 

Voici quelques repères pour vous aider à faire votre choix : 

La clé, c’est le français. S’il y a une bataille à choisir, c’est celle-ci. En effet, c’est LA matière qui permet ensuite de suivre dans toutes les autres matières (même en maths !). On ne peut raisonnablement pas maintenir un bon niveau de français en 1 heure par semaine, mais 2 à 3 heures avec des supports bien conçus, le permettent, tout en gardant un bon équilibre entre travail et loisirs pour l’enfant. Souvent, 3 heures de travail sont déjà un réel défi pour la famille et dans ce cas, il est préférable de s’y tenir, sans chercher à ajouter d’autres matières. C’est déjà très bien, et c’est suffisant pour réintégrer le système français sereinement. Parfois, pour des élèves scolaires ayant des facilités et ayant besoin d’être nourris, on peut par la suite ajouter des matières comme les maths (pour faire des maths “à la française”) ou l’histoire-géographie (pour connaître l’histoire de France…). 

Choisissez un organisme, public ou privé, avec lequel vous vous sentez en confiance. Le CNED n’étant pas un passe droit, vous aurez aussi toutes vos chances avec un organisme privé. 

  • Veillez à ce que celui-ci soit un acteur reconnu, dont la réputation est confirmée, en mesure de fournir des bulletins trimestriels clairs, assortis d'appréciations personnalisées du professeur, qui permettront de constituer le dossier scolaire de votre enfant.

  • Scrutez les témoignages des familles sur les sites des organismes, les réseaux sociaux (le groupe Facebook Expats Parents est une mine d’informations), Trustpilot… Parlez-en autour de vous. 

  • Privilégiez un organisme proposant une organisation du travail souple, vous permettant d’adapter l’emploi du temps en fonction de vos contraintes et de rendre les devoirs à votre rythme, pour éviter toute pression, voire même de vous inscrire à tout moment de l’année si votre expatriation n’est pas calée sur l’année scolaire. 

  • Optez pour un organisme offrant un rapport qualité / prix satisfaisant. Des prix qui s’envolent ne riment pas toujours avec un contenu solide. La pédagogie doit aussi guider votre choix : qualité des cours, formation et expérience des professeurs, rigueur des évaluations, progression structurée qui se concentre sur l’essentiel, disponibilité et bienveillance de l’équipe éducative, noms des établissements intégrés au retour par les anciens élèves de ces organismes… Un bon cours doit permettre, au-delà du français académique, de développer l’esprit critique, une culture générale française, un goût pour les beaux textes et une capacité à structurer un raisonnement, compétences transversales qui donneront toutes les chances à votre enfant de réussir dans le système français. 

Anticiper le retour dans le système français, avec confiance et sérénité

En l’absence de règles officielles claires, partez du principe que tout élève qui travaillera sérieusement et régulièrement sur un programme de français solide, réputé et documenté (bulletins, évaluations, etc.) en parallèle de sa scolarité locale ou internationale, aussi longue soit-elle, aura toutes les chances de réintégrer le système français sans difficulté particulière, voire avec aisance. Le choix de travailler d’autres matières (maths, HG, sciences…), ou l’obtention de l’attestation d'équivalence de niveau du conseiller culturel de l’Ambassade sont éventuellement des coups de pouce ou des accélérateurs, mais ne sont pas essentiels. 

L’expérience montre que les retours se passent bien dans la grande majorité des cas et que les pratiques de réintégration varient largement d’un établissement à l’autre. Certains établissements publics ou privés exigent un test, notamment dans les niveaux charnières (3e, 2de, Terminale), d’autres - en particulier avant la 3e - se contentent des bulletins scolaires et des évaluations fournies par les familles. Beaucoup de familles ayant suivi un programme structuré rapportent ne pas avoir eu besoin de passer de test. Et si test il y a, votre enfant y sera préparé grâce au travail fourni tout au long de son expatriation et réussira sans difficulté. 

Le maître-mot est l’anticipation : mise en place d’un suivi solide en français dès le départ en expatriation, constitution progressive d’un dossier scolaire complet, dialogue avec les établissements ciblés en amont du retour, partage d’expériences d’autres familles via les réseaux (par exemple le groupe Facebook Expats Parents) .  



Article écrit pour Expat Pro par Juliette de Chaillé, responsable des familles expatriées au
Cours Griffon (école à distance au service des familles expatriées depuis plus de 10 ans). 

Pour plus d’information sur ce sujet, vous pouvez contacter le Cours Griffon et consulter la page Quelles sont les formalités pour réintégrer le système scolaire français après une scolarité en expatriation ?